L’action du Conseil de sécurité : un élément essentiel pour rompre les liens meurtriers entre conflit et faim

Document informatif destiné à une réunion de haut niveau à propos des conflits et la faim organisée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2018, décrivant les principales demandes adressées aux États membres des Nations Unies pour la mise en œuvre de la Résolution 2417 et la rupture du cycle entre la faim et les conflits.
 
 

Après des années de baisse du taux de faim dans le monde, il a récemment augmenté à nouveau. Les dernières données mondiales sur la faim et la malnutrition indiquent qu’il y a environ 815 millions de personnes sous-alimentées dans le monde aujourd’hui, contre 777 millions l’année dernièrei. Le conflit est la principale raison de ce retournement. La majorité des personnes souffrant de faim et de malnutrition vivent dans des pays touchés par un conflit (489 millions sur 815 millions). Près de 75% des 155 millions d’enfants de moins de cinq ans souffrant d’un retard de croissance dans le monde vivent dans des pays en conflitii. Ceci reflète des tendances plus générales dans lesquelles les civils supportent de manière disproportionnée le coût des conflits armés, les conflits sont de plus en plus urbanisés et la prolifération d’acteurs armés non étatiques et la violence intra-étatique rendent de plus en plus difficile la responsabilité du droit international. Trop souvent, la faim n’est pas seulement une conséquence de la nature changeante du conflit, mais elle résulte de plus en plus d’une tactique délibérée utilisée par les parties belligérantes pour interdire l’accès à la nourriture et à d’autres formes d’aide vitale, conformément avec le droit international : l’objectif est littéralement d’affamer l’ennemi jusqu’à sa soumission.

Cependant, la famine, la faim et la malnutrition sont évitables. Outre l’impact dévastateur immédiat des conflits et de la faim sur les vies humaines et les communautés, l’ONU rapporte que, selon la situation actuelle, « toute une génération grandira probablement pour faire face une capacité de production réduite, de même que son potentiel de revenus, et ses compétences sociales, ce qui a de vastes conséquences pour de nombreuses communautés et pays. »iii

Le 22 février 2017, le secrétaire général de l’ONU a annoncé l’existence de poches de famine au Sud-Soudan et d’un risque réel de famine en Somalie, au Yémen et dans le nord-est du Nigéria. Même si la famine a peut-être été évitée ou maîtrisée l’an dernier, l’insécurité alimentaire continue de toucher des millions de personnes en raison du conflit. Malgré quelques succès, le nombre de personnes souffrant de faim sévère comme conséquence directe d’un conflit armé continue d’augmenter dans ces quatre pays et touche d’autres, y compris la République démocratique du Congo, la République centrafricaine et la Syrie. Dans certains cas, les pays traversent leur troisième, quatrième, ou même septième année de conflit. Plus les conflits sont longs, plus il sera difficile pour ceux qui survivront de se récupérer et de se reconstruire – physiquement, psychologiquement et économiquement.

Au Yémen, le nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire extrême et au risque de famine a augmenté de 24% pour atteindre 8,4 millions depuis avril 2017iv. Dans plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo, la République centrafricaine et la Syriev, la situation s’aggrave également et les foyers de faim se développent rapidement. Le nombre de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire et d’une assistance à plus long terme dans le monde est en augmentation.

Ce document informatif fait une série de recommandations aux membres du Conseil de sécurité avant la discussion du 23 mars sur les conflits et la faim, soulignant les aspects de l’insécurité alimentaire liée au conflit qui touchent la paix et la sécurité, ainsi que des moyens dont des vies peuvent être sauvées, et comment le développement et la stabilité à long terme peuvent être atteints en répondant aux besoins des personnes de manière appropriée.

Key Information

 

Year Published: 2018
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