Évaluation de l’efficacité de l’eau potable saine dans le traitement de la malnutrition aiguë sévère

CONTEXTE:
Plus de la moitié des décès d’enfants de moins de cinq ans peuvent être attribués à la malnutrition, souvent liée à des maladies pouvant être prévenues et traitées. Le traitement communautaire de la malnutrition aiguë (CMAM en anglais) est une approche efficace pour traiter les cas de malnutrition aiguë sévère (MAS) sans complications – avec un traitement dispensé à domicile. Les aliments thérapeutiques prêts à l’emploi (ATPE), une pâte nutritive, sont l’un des facteurs de la réussite de la CMAM. Cependant, étant donné son coût élevé, son efficacité est cruciale. Les enfants qui reçoivent ce traitement doivent également avoir accès à l’eau potable, car les maladies diarrhéiques provoquées par l’eau contaminée réduisent l’efficacité des ATPE et prolongent la durée du traitement. Ainsi, fournir de l’eau potable pourrait éventuellement réduire la quantité requise d’ATPE ainsi que le coût du traitement dans son ensemble.
Résumé du projet:
Sur la base de cette logique, le projet « Évaluation de l’efficacité de l’eau potable saine dans le traitement de la malnutrition aiguë sévère » a lancé une étude visant à déterminer si l’ajout d’eau potable dans le traitement de la MAS réduit la durée du traitement, augmente les taux de récupération et améliore l’efficacité par rapport à son coût des programmes de CMAM. L’équipe de recherche a formulé l’hypothèse que l’ajout d’eau potable au traitement de la MAS réduirait l’exposition aux agents pathogènes responsables des maladies diarrhéiques, ce qui raccourcirait les périodes de récupération des enfants souffrants de MAS.
L’étude a été menée dans la province du Sind, dans le district de Dadu, au Pakistan, en utilisant un essai randomisé contrôlé. Le test comprenait quatre groupes d’étude; chaque groupe d’intervention a reçu l’un des trois types de traitement de l’eau dans le ménage et a été formé pour l’utiliser:
- Groupe contrôle: traitement MAS + jerrycan;
- Traitement MAS + jerrycan + Aquatabs;
- Traitement MAS + jerrycan + Purificateur d’eau Proctor & Gamble; et
- Traitement MAS + jerrycan + Filtre à eau avec bougie en céramique
Les résultats de cette étude montrent que fournir des produits de traitement de l’eau augmente considérablement les taux de récupération des enfants souffrants de MAS dans les programmes de soins ambulatoires, puisque tous les groupes dotés d’un dispositif de traitement de l’eau présentaient des taux de récupération supérieurs à ceux du groupe de contrôle. Les enfants du groupe Aquatab présentent une prévalence de la diarrhée significativement inférieure à celle du groupe de contrôle au cours de la période de l’étude; cependant, les deux autres groupes d’intervention n’ont pas varié de manière significative par rapport au groupe témoin pour ce résultat.
L’analyse de l’efficacité par rapport au coût montre que le traitement par Aquatab est le moins coûteux par enfant récupéré et que cette méthode était en fait plus économique par enfant récupéré que le groupe de contrôle recevant le traitement MAS seul. Enfin, l’intégration d’une eau potable saine ne semble pas réduire la prévalence de la diarrhée, comme le proposait initialement l’hypothèse, ce qui indique que des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre le rôle de l’eau potable saine et de la diarrhée dans la guérison de la MAS. .
Impact attendu:
Ces résultats suggèrent que les produits de traitement de l’eau peuvent être une méthode efficace pour améliorer les résultats du traitement nutritionnel dans les programmes de CMAM. Des recherches supplémentaires pour comprendre le lien entre les dispositifs de traitement de l’eau et les résultats améliorés en matière de nutrition dans les programmes de CMAM restent critiques, mais Action contre la Faim commencera à explorer les implications politiques (au Pakistan et au-delà) de ces résultats, et en particulier, comment les politiques nutritionnelles pertinentes peuvent mieux refléter les données factuelles et l’expérience émergentes lors de l’intégration du traitement de l’eau dans les interventions nutritionnelles.